Électricité et eau : les dangers électriques en milieu humide
Électricité et eau, un danger mortel en milieu humide
Invisible, silencieuse et vitale, électricité et eau nous accompagne partout. Pourtant, lorsqu’elle rencontre l’eau ou l’humidité, elle devient une menace mortelle. Dans un milieu humide, qu’il s’agisse d’un chantier sous la pluie, d’un sous-sol inondé ou d’une salle de bain. La conductivité électrique de l’environnement augmente, rendant chaque contact potentiellement fatal. Les professionnels du bâtiment, électriciens comme conducteurs de grue (en savoir plus sur la conduite de grue : Formation grue : devenez un professionnel du levage avec PILOCAP), sont particulièrement exposés. Comprendre les mécanismes physiques et adopter les protocoles de sécurité adaptés est essentiel pour travailler sans danger.
Pourquoi l’électricité devient-elle si dangereuse en milieu humide ?
La conductivité accrue : explication
En milieu sec, la peau humaine agit comme une barrière résistive naturelle (entre 1 000 et 2 000 ohms selon les individus).
Mais lorsqu’elle est mouillée, sa résistance chute drastiquement jusqu’à 500 ohms (Ω : résistance électrique), voire moins.
Résultat : un courant de seulement 40 milliampères (mA), équivalent à celui d’une ampoule de 10 watts peut tuer un adulte.
En science, la conductivité électrique (σ) mesure la capacité d’un matériau à laisser circuler le courant.
- En milieu sec, l’air, les plastiques et la peau sèche sont isolants (faible σ).
- En milieu humide, la présence d’eau chargée en ions (sels minéraux, calcaire) transforme l’environnement en conducteur.
Ainsi, l’eau douce conduit déjà bien, mais l’eau salée est jusqu’à 1 000 fois plus conductrice.
Dangers propres aux milieux humides
Certains incidents n’arrivent qu’en présence d’humidité, comme :
- Les arcs électriques spontanés dus à l’air ionisé humide.
- La corrosion accélérée des câbles et bornes, provoquant des courts-circuits.
- Les fuites de courant invisibles, qui peuvent se propager dans le sol boueux ou sur une dalle humide.
- La conduction indirecte : un simple outil métallique humide peut devenir conducteur.
Ces phénomènes sont rares, voire impossibles, en environnement sec.
Quand l’humidité bouleverse les règles de sécurité électrique
Quand le milieu est sec, le risque électrique reste maîtrisable : le matériel isole bien et les EPI suffisent. Mais dès qu’apparaît l’humidité, la pluie, condensation ou sol détrempé, tout change : le courant trouve de nouveaux chemins, rendant chaque intervention plus dangereuse et nécessitant un protocole renforcé
Milieu sec : conditions normales
Sur un chantier extérieur par temps clair ou dans un bâtiment bien ventilé, l’air sec agit comme un isolant naturel. La peau, les gants et les bottes conservent leur résistance.
Ici, les règles habituelles suffisent :
- Distance de sécurité : au moins 3 mètres des lignes électriques jusqu’à 50 kV.
- Matériel : prises, coffrets ou projecteurs classés IP44 (résistants aux éclaboussures).
- Procédures : vérification visuelle, consignation standard et EPI classiques.
Bref, les conditions sont “normales” : le danger existe, mais il est prévisible.
Milieu humide : chaque goutte devient conductrice
Quand la pluie tombe, que la brume s’épaissit ou que la vapeur envahit la pièce, les choses se compliquent. L’eau, surtout quand elle contient du calcaire ou des sels minéraux, devient un excellent conducteur d’électricité. Le corps humain, lui, perd sa résistance naturelle : la tension mortelle tombe à 40 mA à peine. C’est pour cela qu’en milieu humide, on revoit tout à la hausse :
- Les distances passent de 3 à 5 mètres minimum près des lignes aériennes.
- Les EPI deviennent étanches : gants EN 60903, chaussures EN 50321-1 (NF EN 50321-1), vêtements hydrofuges.
- Le matériel doit être IP65 ou IP67, pour résister aux jets d’eau, voire à une immersion temporaire.
- Et la consignation devient double : on coupe, on contrôle l’absence de tension, puis on isole et on balise avant d’approcher.
Salle de bain ou pièce d’eau
Dans une salle de bain, les volumes sont strictement réglementés par la norme NF C 15-100 :
- Volume 0 : aucun appareil électrique (l’intérieur de la baignoire).
- Volume 1 : uniquement des luminaires très basse tension (TBTS 12V).
- Volume 2 : à 60 cm du bord, matériel IP44 minimum et disjoncteur différentiel 30 mA.
Un simple sèche-cheveux utilisé pieds nus sur sol mouillé peut suffire à provoquer un accident grave.
Sous-sol humide ou inondé
C’est le scénario le plus risqué.
Dès qu’il y a de l’eau, on coupe tout : pas question d’entrer dans la zone sans vérification d’absence de tension (VAT).
L’eau doit être évacuée avant toute intervention, et le contrôle doit être effectué par un technicien habilité B2V ou BR, conformément à la norme NF C 18-510.
Procédures adaptées aux chantiers humides
Les chantiers extérieurs, sous-sols et locaux humides nécessitent :
- Des plans de prévention spécifiques, validés par le coordinateur SPS.
- Des zones de stockage surélevées pour éviter le contact du matériel avec le sol.
- L’usage de rallonges IP65 et outillage portatif isolé classe II.
- Une surveillance renforcée lors de travaux à proximité de lignes aériennes.
En cas d’accident : comment réagir en toute sécurité électrique ?
Cas 1 : Chantier extérieur sous la pluie
Imagine un conducteur de grue sous une averse.
La flèche, métallique, agit comme une antenne. Le sol devient conducteur, les câbles se gorgent d’eau.
Dans ce cas, l’arrêt immédiat des manœuvres est obligatoire.
La grue doit être mise à la terre, les zones humides balisées, et le matériel vérifié avant toute reprise.
Seul un équipement IP65 est autorisé à rester sous tension.
Cas 2 : Salle de bain domestique
Une personne qui sort de la douche, pieds nus sur un sol humide, et saisit un sèche-cheveux branché.
La résistance de la peau est quasiment nulle, le sol devient conducteur, et le moindre défaut d’isolation dans le câble provoque une électrisation immédiate.
Dans ce cas, le danger est extrême.
Il faut couper le disjoncteur général sans toucher la victime, écarter l’appareil avec un objet sec et isolant, puis prévenir les secours (15 ou 18).
La salle de bain étant un volume à haut risque, seuls les appareils IP44 protégés par un disjoncteur différentiel 30 mA doivent y être installés.
Cas 3 : Sous-sol inondé
Imagine un technicien qui descend dans un local partiellement immergé pour remettre une pompe en marche.
Le coffret électrique, humide, laisse fuir le courant dans l’eau : le contact indirect provoque une électrisation silencieuse mais violente.
Dans ce cas, il faut évacuer la zone lentement, couper le courant à distance, et interdire tout accès jusqu’à vérification.
Seul un agent habilité B2V ou BR, équipé de gants, bottes et tapis isolants, peut intervenir après vérification d’absence de tension (VAT).
Le matériel doit être IP67 minimum et installé en hauteur pour éviter tout contact avec l’eau.
Les normes NF : sécurité électrique en zones humides
NF C 15-100 : la référence absolue
Norme de référence pour les installations électriques basse tension, la NF C 15-100 encadre la protection des personnes dans les locaux humides et pièces d’eau. Elle définit les volumes électriques autour des points d’eau et impose :
- du matériel étanche (IP44 minimum),
- une protection différentielle 30 mA sur chaque circuit,
- et la mise à la terre de toutes les masses métalliques.
Elle fixe aussi les distances de sécurité à respecter entre l’eau et les appareils électriques.
Objectif : éviter tout contact direct ou indirect entre l’eau et les conducteurs actifs.
Norme NF C 18-510 : sécurité électrique
Norme essentielle pour la prévention du risque électrique en intervention, elle s’applique à tous les travaux hors et sous tension.
Elle encadre :
- la consignation et la vérification d’absence de tension (VAT),
- la mise à la terre et en court-circuit avant toute opération,
- les habilitations électriques selon le niveau d’intervention (B0, B1, B2, BR, BC…),
- et le port d’EPI conformes aux conditions d’humidité et de voisinage électrique.
Objectif : assurer la sécurité du personnel, même dans un environnement conducteur ou détrempé.
Indice IP : étanchéité du matériel
- Le premier chiffre (de 0 à 6) concerne la poussière et les solides
- le second chiffre (de 0 à 8) indique la résistance à l’eau
| Indice IP | Protection contre l’eau | Utilisation recommandée |
| IPX0 | Aucune protection | Usage intérieur sec uniquement |
| IPX3 / IPX4 | Résiste aux éclaboussures | Salle de bain, buanderie |
| IPX5 | Résiste aux jets d’eau puissants | Chantier extérieur, terrasse |
| IPX6 | Résiste aux projections intenses (pluie battante) | Chantier exposé, zones industrielles |
| IPX7 | Protégé contre l’immersion temporaire | Sous-sol humide, cave inondée |
| IPX8 | Étanche à l’immersion prolongée | Piscines, bassins, zones inondables |
| IPX9 | Résiste aux jets d’eau sous forte pression | Norme en automobile |
Anticiper, se former et se protéger face aux risques électriques
L’association de l’électricité et de l’eau constitue un risque majeur, souvent sous-estimé, dans les environnements professionnels. En milieu humide, la conductivité naturelle des matériaux transforme un lieu ordinaire en zone de danger, où la prudence et la rigueur deviennent vitales.
Face à ces risques, la formation continue est la meilleure protection. L’organisme de formation PILOCAP accompagne les entreprises et les professionnels, électriciens, chefs de chantier, conducteurs d’engins dans la prévention des risques électriques.
Former les équipes, vérifier les installations et anticiper les conditions climatiques : autant de gestes simples qui sauvent des vies.
La sécurité électrique ne se résume pas à des normes, c’est une culture à transmettre et à entretenir.
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