Stress thermique au travail : protéger vos équipes en cas de canicule
Le stress thermique : une contrainte liée à la température
Le stress thermique désigne une contrainte physiologique que subit l’organisme lorsque ses capacités naturelles de régulation de la température interne sont dépassées. Cela se produit en cas d’exposition prolongée à une chaleur excessive sur le lieu de travail. Les causes sont multiples : ambiance thermique élevée, efforts physiques importants, port d’équipements de protection individuelle (EPI), ou encore un environnement confiné mal ventilé. Ces facteurs conjugués provoquent une surchauffe corporelle difficile à maîtriser.
Les conséquences peuvent être sérieuses, voire dramatiques :
- Crampes musculaires,
- Fatigue intense et troubles de la concentration,
- Épuisement physique et thermique,
- Coup de chaleur, véritable urgence médicale pouvant engager le pronostic vital.
Lorsque la température ambiante dépasse les 28 °C pour les postes physiques, ou 30 °C pour les activités de bureau, les risques augmentent fortement. En période de canicule, notamment dans le secteur du BTP, ces seuils sont fréquemment dépassés, rendant impératif l’anticipation du stress thermique par des mesures adaptées.
Pourquoi la canicule majore-t-elle le risque de stress thermique ?
Les épisodes caniculaires sont de plus en plus fréquents, intenses et longs. Cette recrudescence accentue l’exposition des travailleurs à des conditions climatiques extrêmes. Les professions exercées en plein air, comme celles du BTP, sont particulièrement vulnérables : surfaces brûlantes, efforts physiques soutenus, port d’EPI lourds, manque de zones d’ombre, et organisation du travail parfois rigide.
Même lorsque la température est inférieure aux seuils de 28 ou 30 °C, l’humidité de l’air, l’ensoleillement direct et l’intensité des tâches accomplies peuvent générer une charge thermique suffisante pour mettre en danger la santé des salariés. Le stress thermique est donc un risque à considérer bien en amont des pics de chaleur.
Source : INRS – Travail sous fortes chaleurs
Quels sont les repères pour la température maximale au travail ?
En l’absence de seuil réglementaire strict en matière de température, le décret n° 2025‑482 du 27 mai 2025 a défini des seuils de vigilance météorologique, basés sur les niveaux de Météo‑France, qui structurent désormais les obligations des employeurs :
Vigilance verte : veille saisonnière, aucune mesure spécifique imposée ;
Vigilance jaune : pic de chaleur sur 1 à 2 jours, présentant un risque pour la santé dans certaines conditions de travail (efforts physiques, environnement non ventilé…) ;
Vigilance orange : canicule (chaleur intense et durable), risque sanitaire généralisé pour la population exposée ;
Vigilance rouge : canicule extrême, exceptionnelle par son intensité, sa durée et son ampleur, avec fort impact sanitaire et risque de désorganisation de l’activité.
Un épisode de chaleur intense est reconnu à partir du niveau jaune, déclenchant des obligations concrètes pour l’employeur. En particulier, les niveaux orange et rouge permettent l’ouverture de droits à l’indemnisation des arrêts de travail dans les entreprises du BTP, compte tenu des risques accrus pour les salariés.
Ces repères, conjugués aux seuils de vigilance, permettent une meilleure anticipation des risques liés à la chaleur et obligent les employeurs à adapter en temps réel les conditions de travail.
Source : Décret n° 2025‑482 du 27 mai 2025
Quels sont les effets du stress thermique sur la santé ?
Conséquences cliniques du stress thermique sur la santé
L’INRS classe les effets du stress thermique selon quatre niveaux de gravité :
- Niveau 1 : rougeurs cutanées, sensations de chaleur, maux de tête, troubles du sommeil,
- Niveau 2 : crampes thermiques, perte de connaissance brève, sueurs abondantes,
- Niveau 3 : épuisement thermique, déshydratation sévère, faiblesse musculaire généralisée,
- Niveau 4 : hyperthermie grave (> 40,6 °C), coup de chaleur nécessitant une intervention médicale urgente.
Les salariés souffrant de maladies chroniques (hypertension, diabète, troubles cardiaques) ou sous traitement médicamenteux sont davantage exposés à ces risques et doivent faire l’objet d’une attention spécifique.
Impact du stress thermique sur la vigilance et la sécurité
Au-delà de l’impact sur la santé, le stress thermique compromet également la sécurité des équipes. La chaleur excessive altère les réflexes, réduit la concentration, favorise les gestes maladroits et accroît le risque d’accidents : chutes, brûlures, coupures, erreurs de manipulation. Sur les chantiers et les zones à forte activité, ces effets peuvent s’avérer dramatiques s’ils ne sont pas anticipés.
Canicule au travail : quelles obligations pour l’employeur ?
Évaluation des risques et prévention face à la canicule au travail
L’employeur est légalement tenu d’évaluer les risques professionnels, y compris ceux liés au stress thermique, dans le Document Unique d’Évaluation des Risques Professionnels (DUERP).
À compter du 1er juillet 2025, le décret n° 2025‑482 du 27 mai 2025 impose des obligations renforcées lors des épisodes de fortes chaleurs, notamment à partir du niveau jaune de vigilance Météo‑France.
Cela implique désormais :
• L’identification des postes exposés à la chaleur, en particulier en extérieur,
• La prise en compte des conditions climatiques extrêmes dès le niveau jaune de vigilance,
• La mise en œuvre de mesures de prévention concrètes et adaptées : adaptation des horaires, information des salariés, mise à disposition d’équipements, procédures d’urgence, etc.,
• L’intégration de ces mesures dans le DUERP et dans les plans de prévention le cas échéant.
Source : INRS – Période de fortes chaleurs et Décret n° 2025 482 du 27 mai 2025
Solutions techniques contre le stress thermique
Le nouveau cadre réglementaire renforce l’obligation de mettre en place des solutions techniques et organisationnelles concrètes pour protéger les salariés exposés à la chaleur. Les actions à privilégier sont les suivantes:
• Ventilation ou climatisation des locaux si les conditions le permettent,
• Mise à disposition d’eau potable fraîche, avec un minimum recommandé de 3 litres par jour et par salarié, et conservation au frais à proximité des postes,
• Création de zones de repos ombragées ou rafraîchies, notamment sur les chantiers,
• Aménagement des horaires pour éviter les périodes les plus chaudes de la journée (avancement des horaires, pauses rallongées à midi),
• Fourniture d’équipements adaptés : vêtements légers, protections solaires, équipements ventilés, etc.,
• Sensibilisation des salariés aux signes de coup de chaleur et aux bons réflexes à adopter.
Ces mesures doivent être anticipées, formalisées dans les documents internes, et adaptées aux réalités du terrain.
Information et droits des salariés en cas de fortes chaleurs
Informer et former les salariés est essentiel pour détecter précocement les effets du stress thermique et y répondre efficacement :
- Affichage des gestes à adopter en cas de fortes chaleurs,
- Sensibilisation aux signaux d’alerte (maux de tête, vertiges, crampes),
- Formation aux gestes de premiers secours,
- Droit de retrait en cas de danger grave et imminent,
Recours possible à l’arrêt de chantier pour les entreprises du BTP confrontées à une canicule extrême.
Suivi individualisé des salariés exposés à la chaleur
Certaines catégories de travailleurs nécessitent une attention accrue :
- Les nouveaux arrivants doivent bénéficier d’une période d’acclimatation progressive,
- Les personnes fragiles (âge, état de santé, traitements) doivent être surveillées de près,
- Le médecin du travail doit pouvoir proposer des aménagements spécifiques selon les cas rencontrés.
Canicule dans le BTP : quelles sont les spécificités du secteur
Les métiers du BTP sont parmi les plus exposés aux risques de stress thermique. La nature des travaux (en extérieur, au contact de matériaux chauds, avec équipements lourds) et l’intensité des efforts rendent indispensable un encadrement rigoureux.
Mesures renforcées à mettre en place :
- Installation de points d’eau à intervalles réguliers,
- Mise à disposition de brumisateurs mobiles et de ventilateurs industriels,
- Création d’espaces de repos protégés du soleil ou ventilés,
- Désignation d’un référent canicule pour suivre la mise en œuvre des mesures de prévention et coordonner les réactions en cas d’alerte.
Le rôle de la prévention face au stress thermique dans le BTP
L’anticipation est le levier le plus efficace contre le stress thermique :
- Cartographier les zones à fort potentiel thermique,
- Ajuster les plannings en fonction des prévisions météorologiques,
- Favoriser le port de vêtements légers et respirants,
- Encourager les comportements préventifs (hydratation régulière, pauses actives),
- Intégrer la gestion du stress thermique dans la culture d’entreprise et les procédures de sécurité.
Prévenir plutôt que subir : bien anticiper les canicules au travail
Le stress thermique constitue un danger sérieux et croissant pour la santé au travail. Pour faire face efficacement à ce risque, les entreprises doivent se montrer proactives, engagées et bien informées. Des actions simples, bien pensées et systématisées suffisent à éviter des situations dramatiques. La prévention est non seulement une obligation réglementaire, mais aussi un levier de performance durable.
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FAQ - Température maximale au travail et stress thermique
Quels équipements fournir aux salariés travaillant à l’extérieur pendant une canicule ?
Il est conseillé de fournir : casques ventilés, vêtements respirants et clairs, lunettes de protection UV, brumisateurs mobiles, gourdes individuelles, gilets rafraîchissants ou serviettes humidifiées. Ces équipements doivent être adaptés aux spécificités du poste.
Comment maintenir l’activité en période de canicule sans mettre en danger les salariés ?
Il est possible de maintenir l’activité en réorganisant les horaires (matin tôt ou soir), en alternant les tâches physiques et moins physiques, en réduisant les cadences, et en aménageant des rotations pour éviter les expositions prolongées.
Un salarié peut-il refuser de travailler en cas de forte chaleur ?
Oui, si les conditions de travail présentent un danger grave et imminent pour sa santé, le salarié peut exercer son droit de retrait. Il est toutefois préférable de dialoguer avec l’employeur ou le référent sécurité avant toute décision unilatérale.
Que faire si un salarié présente des symptômes liés au stress thermique ?
- le mettre à l’ombre ou dans un endroit frais,
- lui faire boire de l’eau par petites gorgées,
- le faire s’allonger avec les jambes surélevées,
- contacter les secours si les symptômes persistent ou s’aggravent.
Comment justifier un arrêt d’activité temporaire pour cause de chaleur dans le BTP ?
L’arrêt de chantier peut être activé si les conditions ne permettent plus d’assurer la sécurité (absence d’ombre, impossibilité d’adapter les tâches ou horaires, température excessive sans ventilation). Il peut être déclaré comme intempérie auprès de la caisse de congés intempéries.
Peut-on interdire le travail en extérieur à certains salariés (santé fragile) ?
Oui, sur recommandation de la médecine du travail, un salarié peut être temporairement dispensé de certaines tâches ou affecté à un poste moins exposé. L’employeur doit en tenir compte pour prévenir tout accident ou aggravation d’un état de santé.
Comment intégrer la prévention du stress thermique dans une politique RSE ?
Cela passe par :
- l’investissement dans des équipements durables de protection contre la chaleur,
- la formation continue sur les risques climatiques,
- la valorisation des pratiques de prévention auprès des parties prenantes,
- l’anticipation des vagues de chaleur dans les plans de continuité d’activité.